Honte en fleurs

J'en reviens à la façade. Oui, c'est mon sujet de prédilection ces derniers temps. Vos commentaires m'indiquent que vous avez compris mon désarroi. Mais avez-vous estimé le poids de la croix que portent les propriétaires nantis d'une façade hideuse ? J'explique.

Je sais que certains collègues -que je connais très peu- habitent la même commune (normal, au boulot on est 400). Les règles de la plus élémentaire cordialité voudraient que lorsque je les croise, j'engage la conversation par un «savez-vous que nous sommes désormais voisins ?» claironné haut et fort.

Brrrrrrrrrrrr, j'en frémis. La rumeur se répandrait comme traînée de poudre à Waterloo. Je ne serais plus MCL (c'est moi ça), celle qui bosse au BC, je deviendrais à tout jamais MCLnonmétavusabarak ??? Et j'ai un rang à tenir moi M'sieurs dames. Une telle révélation vous casse irrémédiablement l'image de fille de goût que vous espérez donner.

Pour les mêmes raisons, lorsque un de ces mêmes collègues vient chercher son Monde au tabac-presse voisin, si j'ai l'imprudence de me trouver à la fenêtre, je m'agenouille bien vite afin qu'il n'ait aucune chance de m'apercevoir. De même pour parcourir les trois mètres qui séparent la portière de la voiture de la porte de la maison, j'ai pensé un temps me couvrir la tête d'un manteau. Mais là ça ferait trop style le GPS de Julia Roberts l'a égarée quelque part dans la campagne arrageoise ou pire, arrestation musclée d'un serial killer. Je marche donc tête haute sous notre auvent jaunâtre.

Quand aux habitants de la commune, je crains toujours que leur «Ah c'est vous qui avez racheté cette maison ?» ne soit suivi d'un «mais qu'est ce qui vous a pris ?» incrédule ?

Lorsque je reçois des gens pour la première fois, et afin d'éviter tout choc préjudiciable à leur équilibre psychologique, j'ai la délicatesse de les informer de ce qu'ils vont trouver : «C'est celle qui se trouve à côté du café, de toute façon tu ne peux pas la louper, c'est la plus moche» «Si vous vous perdez, vous demandez la maison avec un auvent jaune, tout le monde saura». Ces précautions font invariablement dire à nos invités «Oh ça va encore. On s'attendait à pire». Et là je doute de leur sincérité. Mais je les remercie de leur politesse. Pire que cela ? Vous vous attendiez à quoi ? Une baraque en tôles et cartons sortie tout droit des favelas de Rio sud ?

Bref la vie des propriétaires de vilaines maisons est peuplée de multiples petites précautions qui évitent de mettre à mal leur dignité.

PS : aux nouveaux qui s'interrogeraint effectivement sur les raisons d'un tel achat, tout est là

Comments

[Kheyliana]

elle n'est pas vilaine ta maison, il y a juste un auvent à enlever, faire un joli escalier devant et puis basta ... en plus je te dis pas la clarté que tu gagnerais dans la maison ...