6 kilos en trop
Soyons sérieux. Pour une fois.Le billet qui suit est bien loin de la ligne directrice de mon blog (en a-t-il encore une ?). Mais je ne suis pas qu'une furieuse rénovatrice de maison moche, je suis une femme et une maman et souvent, j'ai des préoccupations de femme.
J'ai six kilos en trop. Certes pas au regard des recommandations médicales qui m'attribuent un IMC idéal, loin de l'obésité et de la maigreur.
En outre, les diktats de la mode ont sur moi peu d'influence et ne décident pas à ma place s'il est temps de maigrir, de me teindre en blonde ou de porter du rouge. Ces six kilos ne sont donc superflus qu'à mes yeux.
Car sans eux, je serais forcément une autre...
Je serais une maman dont la patience et l'attention ne seraient jamais altérées par la fatigue. Je garderais mon calme devant le verre de jus de fruit renversé ou le 18ème refus de sortir du bain. J'aurais envie de construire un château de cubes au lieu de lire le journal, peut-être même que j'y prendrais du plaisir. Je ne culpabiliserais pas de tout ce temps passé loin d'Elle.
Je serais une femme attentionnée et d'humeur toujours égale. Je concocterais de délicieux petits plats pour mon homme en me souciant de savoir si tout va bien pour lui. Je ne me fâcherais pas pour le linge qui traîne, pour ces éclaboussures autour de la baignoire. Je ne lui ferais pas porter le poids de mes aspirations classées sans suite.
Au travail, mes mérites seraient plus justement reconnus. J'aurais confiance en moi et je saurais mettre en évidence mes compétences. Je saurais me «vendre» et les portes du succès s'ouvriraient. Je ne regarderais pas, en ravalant ma colère, de moins compétents me passer devant.
J'aurais le temps de confectionner de jolies choses pour embellir la maison et je pourrais m'occuper de moi. Je ferais un peu de sport et je sortirais plus souvent. J'écouterais de la musique ailleurs que dans la voiture, j'apprendrais le piano et peut-être même le violon. Je voyagerais. J'irais au musée et aux concerts. Je lirais plus de livres. J'écrirais plus régulièrement et sans doute plus longuement.
Je n'aurais jamais peur. Je n'éprouverais pas la crainte de savoir que rien ne dure toujours. J'afficherais un bel optimisme que nulle angoisse ne viendrait ternir.
_________
Je porte six kilos d'insatisfaction, propre à la plupart d'entre nous, qui m'éloignent de celle que j'aurais voulu être pour me rapprocher de celle que je suis vraiment.
Mais je crois qu'ils m'incitent à plus d'indulgence envers moi-même et me chuchotent que, finalement, je ne suis peut-être pas si mal et que ma vie va plutôt bien. Alors je veux bien qu'ils m'accompagnent encore un peu et qu'ils achèvent leur mission avant de disparaître.
Ce billet s'appelle «6 kilos en trop». Si vous l'aviez écrit, il se serait peut-être appelé «la bosse sur mon nez», «mes jambes trop maigres» ou «mes dents ne sont pas droites».
Il faut bien trouver une raison à ce qu'on ne sera jamais.
Et finir par préférer ce que l'on est.