Chick Mag*
Je vous ai promis il y a quelques temps un billet sur les magazines féminins. Le voici donc. Je vous préviens il est long. Tellement long d'ailleurs que je vais devoir le scinder en deux ou trois parties.
Donc. Au sommaire de n'importe quel magazine féminin, on trouve les pages...
Beauté / Mode
...que je zappe systématiquement.
En effet, peu me chaux qu'un nouvel anti-rides soit sorti cette semaine, puisque déjà la semaine dernière un truc complètement révolutionnaire avait fait son apparition, reléguant les micro billes supersoniques de la semaine d'avant à de la cosmétique de mammouth. Ces mêmes micro billes nous faisant oublier les extraits de collagène de guenon d'il y a trois semaines. Les rois du marketing et du packaging nous prendraient-ils pour des dindes (nous en avons déjà le cou après tout) ?
Quand à la mode, c'est peu de dire que je ne m'y retrouve pas. Vous me direz, c'est normal, dans ma cambrousse on croise assez peu de nanas tout de Prada ou d'Alexander Mc Queen vêtues. Ce à quoi je répondrai que ma cambrousse a quand même des allures de banlieue chic, c'est un peu le Neuilly d'Arras voyez (le taux de chômage est à faire se pâmer d'aise les politiques – jamais vu autant de 4X4, sauf à Megève), et donc les looks sont quand même particulièrement soignés.
Ceci dit, même à Paris, ville branchée s'il en est, on croise très peu de filles habillées comme celles des photos de mode. Et pour cause. Essayez un peu de vous présenter au bureau avec ce sublîîîîme débardeur qui découvre votre poitrail jusqu'au nombril (enfin moi, avec tous mes hommes, j'évite en tous cas). Essayez un peu de l'acheter déjà... ah ben non, c'est pas possible, il coûte carrément deux semaines de courses chez Leclerc.
D'autre part, avec mon look qui oscille entre Birkin et Kiberlain (en plus dodue et moins cachemire), je n'ai nul besoin de m'inspirer des tendances pour renouveler mon stock. Je trouve facilement mon bonheur chez Zara, Monop, Promod, Gap... ou les 3suisses et La Redoute, qui sont quand mêmes parfaits pour les flemmardes dont je suis (et qui ont même l'amabilité de solder la fripe de janvier à décembre). Ah ça, je ne suis pas du genre à aller me crêper le chignon à coup de tatanes siglées un premier jour de soldes.
Quant aux photos... elles mettent en scène des filles de 17 ans qu'on nous présente comme les archétypes de la beauté. Certes, elles sont belles, la pommette est fière, la fesse arrogante et le nichon haut perché. Et pour cause... à 17 ans on n'est pas encore une femme puisqu'on sort juste de l'enfance et que les oestrogènes n'ont pas encore mué en adipocytes,. Un voile de poudre, un soupçon de flou glaussien, un peu moins de luminosité, un peu plus de contraste et voilà une fille aussi jolie -et aussi crédible- que Lara Croft. Grâce à Photoshop on navigue en pleine twilight zone.
Mais cela n'est rien au regard de ce qui provoque en général chez moi hargne et dégoût. Le chick mag nous traite en effet d'infâme boudin à peine regardable entre chacune de ses lignes. Vous pensez que je pousse un peu le bouchon ? Allez y, relisez le dernier Elle ou le dernier Marie-Claire : que vous dit-il ? Il vous assène que vos rides sont inacceptables et esthétiquement incorrectes. Il vous dit qu'avec vos kilos en trop et vos jambes trop blanches vous êtes môôôôche. Ils vous fait comprendre que depuis que vous avez passé l'age de 21 ans, vos fesses ne sont plus que deux rotondités absurdes et grêlées de cellulite. Il définit l'objectif de votre vie qui doit être désormais de lutter avec toute votre énergie et vos derniers kopeks contre ce que vous êtes, à savoir une tite femme normale, avec ses rondeurs, ses ridules, ses jambes imparfaites et ses seins qui illustrent avec obstination la théorie de Newton. A côté de ça Philippe de Villiers me semble être un militant acharné de la cause féministe.
Le chick mag ne vous dit jamais que ce qui est bien chez vous, c'est ce qu'on découvre en s'approchant un peu. Que ce qu'on aime, c'est peut-être «cette lumière dans vos yeux», le son de votre voix, votre humour, votre esprit, votre gentillesse, votre allure, bref, votre charme, toutes ces choses pour lesquelles Elle et consorts n'ont pas encore déniché de potion magique.
Dans «les enfants du Paradis», Garance disait à Baptiste : «je ne suis pas belle, je suis vivante, c'est tout», ça a quand même une autre gueule que «perdez vos kilos pour rentrer dans votre bikini».
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Allez, la prochaine fois, je continue avec d'autres rubriques incontournables de tout chick mag qui se respecte. Ca ne s'arrange guère je vous préviens...
* en référence à la chick lit (littérature de poulettes... ??!!!)