Tête de veau
Alors ce concours ? Hé bien je parie pour un 7/20. J'ai donc mes chances si la copie de référence se situe aux alentours de 9. Verdict en septembre, j'ai tout l'été pour faire des incantations. Aussi, quand on arrêtera de nous filer 40 pages de documentation juridique à recracher de façon cohérente et conforme à la question en 3 petites heures, j'aurais peut-être un peu d'espoir.
J'avais pourtant mis tous les atouts de mon côté.
Je suis partie accompagnée de vos souhaits qui, faute d'avoir pu rétablir mes connexions synaptiques, m'ont fait chaud au coeur (ça compte ça !). Comme promis, j'ai révisé dans le train (36 minutes de trajet quand même...). A l'arrivée, j'aurais pu aller sagement m'asseoir dans un bistrot et compulser fébrilement mes notes... au lieu de quoi je me suis baladée dans le Vieux Lille, quartier des boutiques ultra chic (c'est un peu notre Avenue Montaigne voyez...). Non, je n'ai rien acheté, la suite de ce billet vous prouvera d'ailleurs que le sac à 1200 euros n'est pas vraiment conçu pour moi.
Et comme je suis superstitieuse, j'avais mon grigri. Alors que la majorité opte pour le trèfle à quatre feuilles, une tradition très locale (familiale ? villageoise ? personnelle ?) veut que ce soit le persil qui porte bonheur. Mais attention, pas placé n'importe où... il faut porter du persil dans ses chaussures. D'ailleurs, c'est simple, sans persil, je n'y serais pas allée.
L'ennui, c'est que dans notre jardin prospère il n'y a pas de persil. Qu'à cela ne tienne, je décidais d'en acheter au Monop avant de prendre le train. Oui mais au Monop on ne vend que des bottes de persil bien fraîches, bien vertes... et bien encombrantes. Je pouvais difficilement me débarrasser du surplus entre les 300 mètres qui séparent le magasin de la gare, vu qu'à cette heure matinale, la foule se presse sur les trottoirs. (Soeur Anne, si tu as vu passer sous tes fenêtres une folledingue avec du persil plein son Lancaster, c'était moi).
Tant pis, je pris le train avec ma grosse botte de persil planquée dans mon sac, qui le pauvre prit aussitôt des allures de cabas. Dieu merci, nous ne sommes plus dans une période de paranoïa liée au terrorisme, j'évitais du coup l'humiliation d'avoir à dévoiler le contenu de mon sac devant un agent de la force publique goguenard (déjà que j'ai failli être interdite d'entrée à Eurodisney à cause d'une pompe à vélo...).
Je débarquais à la gare de Lille toujours lestée de mon encombrant végétal quand j'eus l'idée (et le besoin, avouons le) de me rendre aux cabinets. Enfin, je pus tranquillement prélever un brin de persil, le mettre dans mes chaussures et flanquer le reste à la poubelle (ouvertes les chaussures... je n'ai peur de rien).
Alors, je voudrais dire à la dame pipi de la gare de Lille Flandres, que le matin de ce jeudi 31 mai, elle n'eut pas d'hallucination. Ce qu'elle trouva dans la poubelle, planqué sous 6 mètres de PQ, c'était bien une belle grosse botte de persil bien vitaminé. Son accent chantant et sa couleur café me font croire qu'elle vient de latitudes plus ensoleillées, où loin des caméras de télé et des Nikon des touristes, il arrive que l'on sorte l'attirail destiné à chasser le mauvais oeil. J'aurais mieux fait de lui demander conseil tiens.
Bref, persil ou pas persil, quand ça veut pas, ça veut pas.
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