Midnight Express
Appelez-moi Bécassine.
Si, si, là vous en avez légitimement le droit. Attendez un peu que je vous narre la dernière en date.
Le contexte : pour aller au boulot et en revenir, Monsieur et moi faisons voiture commune. Exceptionnellement, Monsieur a des rendez-vous tardifs, mais pour ce type de situation, j’ai un plan B en béton : le train.
L'autre jour donc, j’avais prévu de prendre le TER de 17:36 qui devait normalement me déposer dans ma cambrousse à 17:46.
Avec un petit quart d’heure d’avance, j’arrive sur le quai et monte dans mon train pour une fois très à l’heure (mais vraiment très très à l’heure…).
Et là…
La porte se referme aussitôt et le sifflet annonçant le départ retentit.
- Curieux, me dis-je, ce train est décidément trèèèèès en avance, tandis que le monstre d’acier, tremblotant sur ses essieux, commence à s’ébranler vers sa destination en crachotant des nuées de vapeur blanche (ouais, je vous la fais à la Zola, mais il y a de quoi, attendez…).
Vaguement inquiète mais ne flairant pas encore le traquenard, j’interroge un passager à l’air avenant :
- C’est bien le train qui va à Boulogne ?
- Ah non, celui-ci va à Lille, me répond-il, déjà goguenard.
A ce stade, vous l’avez compris : je me suis gouré de train ! J’étais sur le bon quai mais juste un peu trop en avance…
Mais revenons à mes vaches qui regardent passer mon train.
A cet instant la honte s’étant emparée de tout mon être, je tentais de faire la nana qu’en a rin-à-fout’ et qui est au dessus de ce genre de contrariétés. Je ricanais tout bas des «p@tain !», «fais ch@er» et autres élégances.
Pour les autres passagers, je suis devenue à cet instant, la reine officielle des abruties, l’impératrice des ploucs, la babache en titre.
Attendez, restez là, c’est pas fini.
Pour limiter les dégâts et écourter mon périple, je décidais de descendre à la première gare.
J’arrivais dans un bled paumé et inconnu. Pas un tabac (pensez bien, j’étais à court de clopes en plus), pas un bistrot, pas une presse... juste un Shopi. Et arpenter les allées d’un Shopi pendant une heure, c’est long, trèèèèèèèès long.
Je finis enfin par trouver un train qui retournait à mon point de départ : Arras.
Sur le coup de 18:45, j’arrivais en gare d’Arras où Monsieur put enfin récupérer sa dinde sur le quai.
Je résume : j’ai donc quitté le boulot à 17 :00, pris un train à Arras à 17 :20, atterri près du Shopi de je ne sais où à 17 :30, repris un train à 18 :35 pour arriver en gare d’Arras à 18 :45.
Un plan B en béton armé je vous disais.... VDM.